Total Energies et son Greenwashing au détriment des paysans congolais

Total Energies et son Greenwashing au détriment des paysans congolais

A l’occasion de la venue de Prisca Macaillat, responsable des projets à la Commission Diocésaine Justice et Paix, de Pointe Noire (Congo), le CCFD-Terre Solidaire, le Secours Catholique et Église Verte organisent le samedi 9 mars 2024 de 9h30 à 17h à la Maison Saint-Yves, 81 rue Mathurin Méheut, à Saint-Brieuc une journée pour dénoncer les fausses “bonnes solutions” et promouvoir la conversion écologique. Cette journée est co-construite par le CCFD-Terre Solidaire des Côtes d’Armor, le Secours Catholique – Caritas France des Côtes d’Armor, les équipes Église Verte des paroisses Notre-Dame de la Baie et de Plœuc-sur-Lié.

Prisca Macaillat prend la parole : « Au Congo-Brazzaville, le projet BaCaSi, mené par TotalEnergies pour compenser ses émissions de gaz à effets de serre, prévoit la plantation d’acacias sur 38 000 hectares de terre. Ainsi, TotalEnergies cherche à afficher des objectifs de neutralité carbone tout en maintenant des activités ayant un impact négatif sur le climat. Derrière ce projet, Total mène une stratégie de greenwashing. Pour une véritable transition écologique, ce que nous attendons des multinationales, c’est une réduction des émissions carbone et non pas une démarche de compensation des émissions carbone. »

Mot des organisateurs : « Alertés par la Commission diocésaine Justice et paix de Pointe-Noire (CDJP), le CCFD-Terre Solidaire et le Secours Catholique-Caritas France se mobilisent pour obtenir une meilleure prise en compte des droits des populations impactées par le projet Bacasi. Le samedi 9 mars matin, on a parlé  des impacts sur les populations et l’environnement, des revendications des populations et de ce qui a été obtenu.

A notre échelle, près de chez nous des initiatives plus vertueuses souvent à notre portée, sont menées pour lutter contre le dérèglement climatique. Le samedi 9 mars après-midi, des ateliers nous ont permis d’entendre les acteurs locaux et d’envisager pour soi quels changements sont possibles.

A noter que Prisca Macaillat donne une conférence le lundi 11 mars à 16h30 et à 20h30 à l’abbaye de Saint-Jacut-de-la-Mer sur le thème : « La compensation carbone au prix des droits humains ? ». La transition écologique doit-elle se faire au prix des droits humains ?

Prisca Macaillat responsable des projets à la Commission Diocésaine Justice et Paix de Pointe Noire (Congo) mène son combat contre le projet BaCaSi de TotalEnergies qui, pour compenser ses émissions de CO² accapare les terres des populations locales. En savoir plus : ccfd-terresolidaire.org/la-compensation-carbone-au-prix-des-droits-humains

 

« Face aux fausses solutions, choisissons la conversion écologique »

Témoignages de paroissiens

Au Congo Brazzaville, la société française « Total Énergie » veut donc créer une forêt artificielle de 40 000 Ha d’acacias qui sont censés compenser les émissions de CO2 de l’entreprise liées au pétrole et au gaz.
Ce pourrait être une bonne idée si cette région était libre de toute activité… Mais c’est une région où vivent des populations souvent très méprisées, comme les Batwas et les Bakas (pygmées). Ces populations qui sont les premiers arrivants sont marginalisés. C’est le plus souvent au mépris de leurs libres consentements préalables que les projets qui vont les chasser de leurs terres sont négociés avec les gouvernements locaux facilement corrompus.
Quel est alors le sens de « projets de compensations carbone » ? Même si notre monde va devoir inventer pour continuer à respirer, l’accroissement de notre consommation peut-elle continuer à se faire sur le dos des plus faibles, y compris par-delà nos frontières ? Les solutions d’avenir sont sans doute multiples, mais ne devons-nous pas d’abord nous tourner vers la réduction de notre « empreinte carbone » ?

Maud, agricultrice et militante pour « demain » au Haut-Corlay, est venue essayer de démystifier des tendances très actuelles dans les campagnes. Pour rappel, en 30 ans, entre 1990 et 2020 nous avons augmenté de 51% nos émissions de Gaz à Effets de Serre (GES). Le plan de « stratégie mondiale bas carbone » vise une baisse de 40% de GES pour 2030.

Un peu comme au Congo, pour elle, la course vers toujours plus de technologies qui viendraient solutionner l’avenir – en augmentant les performances tout en maintenant le niveau de consommation – relève de la folle « fuite en avant ». Elle veut dénoncer ce mythe de la « double performance »…

A l’opposé de ce « mythe », elle propose une démarche de « produire moins, consommer moins, pour polluer moins ». Cette démarche, elle l’a mise en place avec efficacité et succès dans sa propre exploitation : prairies pérennes, agrobiologie, bocage vivant, pas de pesticides, moins d’énergie fossile…etc… Face au défi de demain, elle est convaincue d’avoir fait entrer son exploitation dans un cercle vertueux. Pour autant, elle ose affronter le fait que certains indicateurs semblent défavorables à ces pratiques…
Pouvons-nous hypothéquer notre avenir uniquement sur des technologies qui impactent jusqu’au bout du monde ?

« Produire moins, consommer moins pour polluer moins », n’est-ce pas à ce cercle vertueux que nous sommes tous invités, pour que notre Maison Commune puisse continuer de faire vivre les enfants de nos enfants.

Joseph CABARET

Choisissons la conversion écologique Intéressée par le dérèglement climatique, j’ai participé à cette journée. Dans un premier temps, Samuel POMMERET, représentant du CCFD-Terre-solidaire, a expliqué le projet de BaCaSi (« Batéké Carbon Sink) mené par Total Energies au Congo-Brazzaville.Même s’il est connu que l’extraction des richesses d’un pays partenaire permet aux entreprises de réaliser des profits, j’ai été abasourdie par la situation décrite.
En effet, l’entreprise française prévoit de compenser ses émissions de gaz à effet de serre en plantant des acacias sur 38 000 hectares. Mais il faut savoir que le projet s’est fait sans concertation avec les parties prenantes, c’est-à-dire les propriétaires autochtones vivant sur ces terres. C’est ainsi que la communauté locale qui pratiquait l’agriculture a perdu l’usage de ses terres et la communauté autochtone s’est vu refuser l’accès aux forêts, pourtant essentielles à ses ressources vivrières et ses activités économiques, comme la culture du manioc et la cueillette de produits forestiers.
Dans un deuxième temps, Maud CLOAREC, agricultrice dans les Côtes d’Armor, a expliqué qu’elle, ainsi que ses confrères et consœurs, étaient encouragés à mettre en place une compensation carbone sur leurs exploitations.

Après avoir entendu ces deux témoignages, je comprends que la compensation carbone est un leurre, une fausse solution comme l’annonçait l’invitation à cette journée. La lutte contre le dérèglement climatique nécessite de réduire les émissions de carbone, il est donc indispensable de changer de modèle et c’est urgent car les destins de tous les habitants de la Terre sont liés.

Juliette DUCHESNE

Abandon des énergies fossiles, le plus vite possible

Au cours de cette journée consacrée à la conversion écologique, j’ai été marqué par ce témoignage vécu en Côtes d’Armor et qui peut être source d’inspiration.
Remettre les vaches dans des prés bordés de haies bocagères, c’est le modèle de production de lait de Maud Cloarec, agricultrice au Haut-Corlay.
Certes, c’est produire moins en quantité, mais sans pesticides, en respectant la biodiversité, en créant des emplois et en réduisant la consommation d’énergie des trois-quarts et en vivant mieux… Abandon des énergies fossiles et autonomie énergétique, le plus vite possible ! Pour la planète et notre indépendance.
Merci à celles et ceux qui ont organisé cette journée. (CCFD Terre solidaire, Secours Catholique, Église verte)

Patrick MORICE

En famille, nous échangerons encore !
Le matin, nous avons partagé la réflexion d’un représentant du CCFD exprimant toutes ses réserves sur la tentative de dé carbonisation menée au Congo Brazzaville par la société TOTAL Énergies qui souhaite, en créant de nouveaux espaces forestiers, contrebalancer la pollution de ces activités liées à l’exploitation du pétrole et gaz.
Au passage signalons cependant que Total Énergies est l’une des très rares compagnies pétrolières à rechercher une mutation globale de son activité, à terme. Malheureusement ces projets de plantations de forêts sont menés sans tenir compte de la biodiversité nécessaire et du respect de l’environnement dans lesquels vivent les autochtones : Expropriation par l’état du Congo Brazzaville des propriétaires avec des contreparties dérisoires (les terres sont considérées comme n’appartenant à personne), plantations peu diversifiées d’essences d’arbres fragilisant la pérennité de cette forêt, irrespect des pratiques locales de cueillette chasse pêche pour le peuple Pygmée qui occupe des forêts primaires désormais interdites à toute visite.

Les enjeux internationaux viennent souvent contredire sinon détourner une transition écologique efficace et respectueuse. Soutenir les pays du Sud est un défi et pourtant un équilibre tant espéré pour « la maison commune » (notre planète) comme en parle le pape François.

En deuxième partie de la matinée, une agricultrice bio du Haut-Corlay nous a exposé son parcours l’ayant amenée à la transformation d’une exploitation familiale laitière de 80 vaches sur 80 hectares en conventionnelle pour une production bio et raisonnée de 40 vaches élevées en « herbagères ». Pas simple avec les parents qui ont tenu la ferme précédemment !
Mais son expérience de couple et son double travail (agricultrice sur la ferme et administratrice BIOLAIT) nous en a démontré le possible. Doublement de leur revenu, emploi d’un salarié avec en corollaire pour leur famille 6 semaines de vacances (pas de vêlage l’hiver) et tout cela grâce à une diminution par deux des charges malgré une baisse également de moitié des rendements.
Bien sûr, se pose la question de la suffisance alimentaire si tous les éleveurs et producteurs adoptaient ce choix de vie et par parallèle nous avons compris que c’est « par notre assiette » et ce que nous consommons que notre santé se joue ainsi pour l’équilibre de la planète !

Parents, nous avions entendu ces idées et convictions chez nos 5 enfants, jeunes adultes. Elles ont voyagé et ont conscience des inégalités planétaires, des détériorations de la qualité de la vie humaine et dégradation sociale.
Au cours de cette journée, nous nous sentons en communion avec nos enfants. Nous nous conscientisons de plus en plus et réfléchissons. En famille, nous échangerons encore.L’après-midi, nous avons participé à des ateliers variés !

Et pour terminer la journée, ensemble nous avons prié. Textes et chants très bellement oralisés et portés nous ont réunis. Cette prière « LAUDATO SI » nous embrase de ce qui nous est donné ! L’espérance est dans les petits signes de conversion ! Contemplons, croyons en la création !Merci à tous ceux qui ont œuvré pour cette journée !

Cathy et Yves COURROYE