Le départ de Désiré nous a tous surpris. Bien sûr on le savait dépendant de ses bouteilles d’oxygène, mais tous …nous avons besoin d’oxygène !!!
De nombreux amis de Désiré sont venus l’accompagner et leurs témoignages ont donné à cette célébration une résonance spirituelle très intense où l’amitié a eu une place centrale.
Au début de la célébration, son parcours de vie est présenté comme mot d’accueil par Odile.
Nous voici réunis cet après-midi pour entourer Martine et Philippe de notre affection, de notre amitié… pour les soutenir dans l’épreuve qu’ils traversent avec le départ de Désiré. Que cette célébration soit source de paix et d’espérance car nous croyons en la parole de Dieu, source de lumière et de vie.
Après ses études secondaires, Désiré entre au Centre de Formation Pédagogique de Vannes. Il effectue ses trois premières années d’enseignement à Man, en Côte d’Ivoire, au titre de la coopération.
A son retour en France, il enseigne aux écoles primaires de Merléac, Landéhen et enfin Hillion. En août 1975, il épouse Martine et quelques années plus tard, le 31 mai 1984, naît Philippe.
En 1988, il change d’orientation professionnelle pour se diriger vers l’enseignement spécialisé à l’IME du Mans.
Les premiers signes de la maladie apparaissent en 1992. Malgré une première opération, il a le courage de partir un an en formation à Lyon, en septembre de la même année.
Ces différentes étapes de sa vie lui ont permis de nouer de solides amitiés en France et à l’étranger, chacun reconnaissant son humour, son sens de l’accueil, sa générosité, et sa constance dans l’amitié.
Au fil des années, sa maladie limite ses activités et ses déplacements. Mais, passionné d’informatique et d’Internet, il reste en lien constant avec sa famille et ses amis de France, de Suisse et du Canada auxquels il aimait faire partager le fruit de ses nombreuses recherches.
En union par la pensée et la prière avec tous ses proches, nous ouvrons nos cœurs à la parole de Dieu.
Un peu plus tard Michel présente la longue amitié dont l’origine est située en Côte d’Ivoire :
40 ans d’amitié nouée en terre d’Afrique avec des coopérants venus de diverses régions de France, de Suisse et du Canada.
40 ans d’une correspondance suivie, par courrier, par téléphone et bien sûr par Internet, toi le champion de l’informatique. Parmi les anciens de Côte d’Ivoire, tu as toujours été un élément moteur et fédérateur.
Nous n’oublions pas les temps forts vécus avec toi :
- En 2003, la rencontre, en Vendée, d’une quinzaine d’entre nous à l’occasion de la venue d’amis canadiens.
- L’été dernier, les retrouvailles, en Bretagne, pour fêter tes 60 ans ;
Au cours de ces 40 années d’amitié, nous avons eu l’occasion de nous frotter à ton caractère bien trempé, certains diraient de « Breton » ; mais, nous avons surtout apprécié tes qualités : fidélité, efficacité dans l’organisation, sens de l’accueil, générosité. Besoin d’un service et ça démarrait au quart de tour !
« Je me considère chanceux de l’avoir rencontré sur ma route », nous confiait hier un ami québécois.
Depuis quelques années, la maladie avait limité tes activités, mais nous étions habitués à découvrir, chaque matin, quelques nouveaux messages ou blagues croustillantes dénichés sur Internet et signés « Dédé d’Hillion ». Depuis quelques jours déjà, la source est tarie : il n’y a plus rien sur nos écrans.
Désiré, tu as lutté avec courage, mais, cette fois, l’antivirus n’a pas fonctionné. La maladie a été la plus forte. Sache que ton absence va créer un vide et que nous ne t’oublierons pas. Nous resterons connectés avec toi à ta nouvelle adresse : Dédé d’Hillion@paradis.com
Sa formation d’éducateur spécialisé l’a amené à tisser d’autres liens, le groupe des lyonnaises témoigne :
Travaillant dans l’enseignement privé, nous étions souvent confrontés dans nos classes traditionnelles à des élèves en plus ou moins grandes difficultés. C’est la raison pour laquelle nous avons entrepris la formation d’enseignants spécialisés qui s’est déroulée à Lyon l’année scolaire 92/93.
La vie « en pension » à « l’Oratoire » pour la moitié du groupe permit de tisser des liens plus étroits. Et là que d’anecdotes et de parties de rire émaillèrent les semaines de travail – quand même sérieux - !
Désiré, que nous avons tout de suite surnommé « Doudou », n’était pas le dernier à nous faire rire et partager son humour et sa bonne humeur. Il fût un peu comme un « coq en pâte », car loin de Martine, il était entouré de la sollicitude de toutes ces dames, aux petits soins pour lui !
Déjà, féru et accro d’informatique, il ne voyait que par PC et pestait contre les IMAC, mais on savait quand même à qui s’adresser en cas de problème. Il se faisait toujours un plaisir de nous « former » nous les néophytes peu douées ; car une constante de sa personnalité était, outre sa gentillesse et son sens des autres, sa serviabilité à toute épreuve.
Aussi ce fût une grande joie pour quelques uns de participer, l’été dernier, à la grande « fête surprise » de ses 60 ans pour l’entourer avec sa famille et ses amis. Et c’est la même amitié qui nous rassemble aujourd’hui pour lui rendre hommage et lui dire « au revoir Doudou nous ne t’oublierons pas »
Jean Yves a enfin fait un joli clin d’œil à Dédé en présentant les 5 amis qui ont chanté avec tant de cœur « Quand on n’a que l’amour » de Jacques Brel.
L’apparente légèreté de mon propos initial n’a d’égal que l’immensité de la peine qui m’envahit depuis que tu nous as quittés ; c’est juste un clin d’œil et je suis sûr que tu vas en sourire.
Eh oui, Dédé, mon ordinateur est triste et orphelin depuis samedi dernier. Il n’affichait plus avec quelque bonne ou moins bonne blague, quelques paysages et musiques magnifiques et autres messages de ton cru. Mais non, l’écran est resté tristement muet mais pas ma peine et aujourd’hui, elle a quelques mots à te dire.
Je ne tomberai pas dans les excès propres à la situation et qui consistent à embellir la réalité en gommant les aspérités et défaillances d’un parcours de vie.
Que « celui qui est sans péché te jette la première pierre » ; alors dors sur tes oreilles, les élus pour ta lapidation ne doivent pas être très nombreux parmi nous ; Je revendique avec toi le plaisir de goûter les bonnes choses de la vie, même avec quelques excès !
Au-delà de ces contingences qui nous sont propres à tous,
Je veux témoigner de ton souci du bien-être et de l’évolution des enfants dont tu t’es occupé toute ta vie professionnelle et particulièrement des enfants déficients intellectuels dont tu as assuré la prise en charge à l’IME du Mans ; pour les avoir côtoyés moi-même, je sais l’investissement que cela requiert.
Je veux témoigner de ton souci des autres pour l’avoir expérimenté durant ta longue maladie, jamais une plainte, un souci des autres et une dignité dont je n’aurais sans doute pas eu la force..
Je veux témoigner de ta générosité, la chaleur de ton accueil, la mesure de ton jugement, de ta jovialité communicative et j’en finirai là, mon cher Dédé, en te disant que c’est pour cela qu’on t’aimait, comme je l’ai déjà dit à Philippe, tu étais un « MEC BIEN » qui aimait la vie et aimait les gens.
Voilà pourquoi nous allons te chanter une chanson forte que tu appréciais beaucoup dans notre répertoire Brel « Quand on n’a que l’amour ».
Ce sera le dernier clin d’œil avec Marie et mes amis, qui à force de te côtoyer lors de nos concerts que tu ne ratais jamais, sont aussi devenus tes amis. Ils sont là pour toi aujourd’hui.
Surtout repose bien en paix.
On t’aime !
C’est au cimetière d’Hillion que nous sommes maintenant pour le dernier adieu.
Georges Guinard nous redit de belles choses sur Désiré :
C’est ici, en ce cimetière d’Hillion que s’arrête la route terrestre de M Désiré Courtel, DéDé pour ses proches.
Et nous allons refermer ensemble son grand livre de vie à sa 60 ème page. Une vie bien remplie et riche de maints et maints souvenirs qu’il nous appartiendra de faire durer. Nous garderons le souvenir de cet homme affable, ami sûr, bon époux et bon père.
Et à la suite du poète , à notre tour nous pouvons dire :
Maintenant, on s’en souvient,
C’est toi, ami fidèle, solide époux et affectueux père,
qui venait nous prendre la main…
Mais quand tu es parti sur ton bateau de pierre,
Ce jour-là, nous avons compris qu’en fermant les paupières,
C’est tout un paradis que l’on a mis en terre.
Et tout à l’heure, sa tombe va se refermer en nous laissant à nos questions
sur la mort et son après.
Suivant nos convictions, nos réponses, diffèrent, au gré de nos cheminements, de nos interrogations et de nos doutes humains.
On se doit de les respecter.
Est-ce cette fin abrupte et définitive, comme on l’entend si souvent ou ce passage, le grand passage, vers une autre vie, comme le croient les chrétiens dont nous sommes ?
Désiré y croyait-il, à cette autre vie ? Oui, mais à sa manière, sans doute. Mais si sa pratique religieuse à l’église n’était peut-être pas régulière, son engagement sur le terrain, lui, était quotidien, dans le droit fil du premier des commandements de l’évangile : « Aimez-vous les uns les autres . » Et ca Désiré savait faire. Dans sa vie familiale mais aussi dans sa vie professionnelle d’enseignant et de formateur : les plus petits, les plus démunis, les moins doués, il les servait en premier, soucieux de les voir avancer et de leur faire acquérir ce savoir, ce savoir-faire, ou mieux ce savoir être le fameux sésame pour la vie. En leur nom : MERCI Désiré !
En ce jour ensoleillé, la mer de la baie voisine nous invite à nous tourner vers le ciel pour dire merci pour toutes ces marques d’amitié qui se sont manifestées et qui laisseront un peu de baume au cœur de Martine et Philippe.
