Dimanche 13 septembre, l’Abbé Pierre Connan a célébré une messe d’action de grâces concélébrée avec 7 prêtres du diocèse dont l’Abbé Gérard Nicole, vicaire général.
C’était sa dernière célébration officielle à l’église Saint-Jean. L’église était comble pour l’accompagner et lui témoigner toute sa reconnaissance.
« Merci Seigneur pour ces 36 années de ministère ici, et merci à vous frères et sœurs de Saint-René Hillion pour tout ce que vous m’avez apporté », déclarait Pierre Connan dans son homélie.
Durant toutes ces années, il a vu défiler bien des générations, retrouvant à la préparation au mariage, ceux qu’il avait baptisés.
Il a gardé tout son humour quand il a demandé à ses paroissiens : « comment avez-vous fait pour me supporter si longtemps ? ».
L’Abbé a alors confié que, pour sa part, son tempérament passionné et sa foi « en celui en qui j’ai mis ma confiance », ont fait que sa mission de Pasteur hillionnais n’a jamais eu le moindre goût de routine.
À la fin de la célébration, Joseph Cabaret, diacre, a rendu un bel hommage au Père Connan, au nom de toute l’équipe paroissiale soulignant son ouverture aux autres, son audace, son amour pour les belles liturgies. Ce témoignage est très touchant et combien vrai :
Pierre,
Il y a quelque temps, à ceux de vos paroissiens qui avaient encore tendance à vous appeler M. le Recteur, vous sommiez de vous appeler M. le Curé. Maintenant que vous n’êtes plus notre Curé, vous voudrez bien me permettre, pour la première fois, de vous appeler Pierre.
Car, au nom de toute la Communauté, dont une grande partie est ici rassemblée, au nom de l’E.A.P., c’est à l’homme que je voudrais avant tout m’ adresser. A l’homme qui fut notre Curé pendant si longtemps, pendant 36 années. On avait fini par oublier qu’un jour, vous devriez peut-être vous arrêter.
Toujours présent, vous êtes de ces hommes dont on a quelquefois l’impression que le temps n’a pas de prise sur eux. Je ne crois trahir personne en disant que tous ceux qui ont collaboré avec vous, toutes ces années, ont été impressionnés par la capacité que vous aviez à rester de votre temps, à vous adapter, pour rester dans le coup.
Quand vous arrivez à St-René, en 1973, l’Église est encore une institution très cléricale. Le Curé est l’homme qui décide presque de tout dans la Paroisse. Et aujourd’hui, à l’heure de quitter vos fonctions, la plupart des services paroissiaux sont assurés par des laïcs. Maîtriser l’outil informatique, chercher à s’adapter à de pareils changements, ce n’est pas chose facile. Bien des curés se sont accrochés à leurs habitudes, empêchant ainsi l’évolution du moment. Cela n’a pas été votre cas, car je sais qu’en homme intelligent, vous avez toujours voulu être conscient des enjeux paroissiaux.
Alors, quand l’heure est venue d’aller chercher des laïcs pour la catéchèse, pour le fleurissement des églises, pour l’E.A.P,, le Conseil économique, les équipes liturgiques, la chorale, la préparation des Baptêmes, la préparation puis la célébration des obsèques, et j’en oublie certainement, vous ne vous êtes jamais laissé abattre par le découragement, par une certaine idée comme quoi l’Église n’est plus porteuse aujourd’hui, et donc que les personnes ne viennent plus.
Vous avez toujours voulu aller vers les Hillionnais. Pierre, vous avez été un Curé appelant. La durée de votre mandat vous a permis de connaître une grande majorité de familles à St-René et Hillion , et vous en avez profité pour nous solliciter largement les uns et les autres.
Personnellement, je dois vous dire que j’ai quelquefois été soufflé par votre audace dans la sollicitation de telle ou telle personne. Mais, avec le recul, je dois vous avouer que toute cette audace, je la prends aujourd’hui comme une leçon. Nous sommes bien trop souvent timorés les uns avec les autres. Vous avez su nous expliquer, plus encore nous montrer qu’il ne faut pas avoir peur les uns des autres. N’est-ce pas cela une Église appelante ?
Pour de nombreux Chrétiens, les rapports avec l’Église institutionnelle ne sont pas forcément évidents. Nous sommes nombreux à pouvoir témoigner comment vous êtes un homme ouvert à la différence, et je sais que beaucoup de familles et de jeunes en particulier vous en sont reconnais-sants. Merci, Pierre, de nous laisser une Église qui cherche à s’ouvrir.
Comme beaucoup d’entre nous, et sans doute plus encore, je sais que vous souffrez du manque de jeunes prêtres. Comme beaucoup de Curés de votre génération, vous auriez pu garder jalousement les prérogatives du prêtre, sans vous soucier de l’avenir. Mais vous avez su voir plus loin, même si vos yeux vous ont quelquefois joué de mauvais tours ! Vous avez voulu voir l’Église de demain : une Eglise où chaque commencement devra et saura se prendre en charge.
Vous avez su laisser une bonne marge de manœuvre aux équipes liturgiques pour proposer des célébrations variées. Mais en amateur de belles liturgies, vous n’avez jamais eu peur de nous secouer pour ne pas tomber dans la routine ou la facilité. Vous avez toujours aimé les célébrations vivantes, et je sais que toute la Communauté unanime vous reconnaît cette qualité. Personnellement, j’ai beaucoup apprécié que vous sachiez confier à tel ou tel moment, le commentaire des lectures du dimanche à des laïcs,
Il y a seulement 18 mois, à l’E.A.P., nous avons décidé de faire évoluer la célébration des obsèques vers une prise en charge totale par une équipe de laïcs, comme l’évêque nous y invite. Chacun de nous, nous souhaitions cette évolution, mais chacun voyait la mise en œuvre un peu délicate
d’autant plus qu’elle devait se faire sur une seule année !
Eh bien ! quel savoir-faire pour terminer votre carrière, si je puis dire. Vous avez su appeler toute une équipe, motiver et mettre chacun en confiance, et progressivement lui confier telle ou telle partie de la célébration. Le tout en expliquant la démarche aux familles concernées. En quelques mois, nous avons vécu tranquillement une adaptation que nous redoutions tous un peu sans heurt, sans stress excessif.
Merci Pierre de nous laisser une Eglise en marche
Vous habitez certes le presbytère, mais vous habitez aussi beaucoup vos églises Saint Ronan et Saint Jean, ce bel édifice de 1000 ans qui nous abrite aujourd’hui.
Vous avez aimé mettre en valeur le patrimoine que nos prédécesseurs nous ont laissé en bonne
intelligence avec les municipalités successives.
Dernier chantier que vous avez voulu lancer : la rénovation de la fontaine baptismale de cette église, conscient que vous êtes de l’importance de ce lieu pour vivre pleinement le sacrement du Baptême.
L’église étant classée, l’affaire n’a pas été simple, mais c’était sans compter avec votre ténacité. Et je sais que vous serez très fier de voir cet espace baptismal entièrement refait dans quelques mois.
Merci, Pierre de nous laisser une Eglise en chantier !
Je pourrais sans doute encore continuer longtemps, mais d’autres sauront mieux que moi évoquer, dans l’après midi, d’autres épisodes de votre présence hillionnaise
Mais je ne voudrais pas conclure ce petit mot, sans appeler près de vous celle qui vous a accompagné chaque jour de votre présence parmi nous : Eugénie !
Suzanne, mon épouse, me dit souvent à propos d’une qualité particulière de tel ou tel homme : « Cherchez la femme ! » comme si une présence féminine savait bonifier une qualité .
Eugénie, à l’heure de votre retraite à vous aussi, je veux voir en vous une présence discrète, qui, chaque jour ; a su tenir Pierre en éveil ; attentif aux affaires du monde. Je sais que même si on ne vous entend pas souvent en public, vous avez un regard avisé sur la vie de l’Eglise et la vie du monde.
Vous avez su rendre la vie de Pierre plus facile, en sachant vous occuper de bien des tâches, que sans doute, personne ne voit, et qui pourtant sont indispensables.
Pour toutes ces années passées au service de la Paroisse d’Hillion - St-René, au nom de
l’E.A.P. et de toute la Communauté chrétienne, je tiens à vous remercier sincèrement et à vous
souhaiter une bonne retraite parmi nous :
Quant à vous, Pierre, je sais que vous saurez être une aide précieuse pendant longtemps encore…
J’ai souvent répété à ceux qui m’interrogeaient sur mon Curé et finissaient par me demander : « Quel âge a-t-il ? » A ceux-ci, j’ai aimé répondre : « Pierre, il est âgé, mais toujours jeune ! »
Et maintenant, en signe de remerciement pour vous, Eugénie ; et pour vous, Pierre, je
propose que nous nous levions tous pour applaudir votre parcours !
Merci, Pierre !
Une fois encore, il s’adaptera à sa nouvelle vie, toujours à Hillion mais « prêt à servir, non plus à décider, en redisant une de ces phrases qu’il affectionne :
on ne dérange jamais un prêtre, quel que soit ce qu’on vient lui demander ! »
À l’issue de la messe, un vin d’honneur a été servi sur le parvis de l’église. Puis ensuite, 240 convives ont entouré le Père Connan pour un repas festif d’au revoir servi à l’espace Palante.
